Les microbilles de plastique, très utilisées dans les produits cosmétiques, représentent un enjeu important sur l’environnement et la santé humaine. Au Royaume Uni, la Chambre des communes a commandé en début d’année une étude sur leur impact environnemental et ouvert une consultation publique. Si les leaders de l’industrie cosmétique sont pour la plupart préparés à une substitution, ce n’est pas le cas des PME, et les alternatives envisagées restent problématiques…
Les microbilles de plastique sont des particules sphériques de plastique composées de polymères synthétiques.
Depuis les années 1990, elles sont de plus présentes dans la composition des produits cosmétiques. Leur taille (généralement 10 à 150 μm) leur permet de nombreux usages : on retrouve des microbilles dans le maquillage, les dentifrices, les vernis à ongle, en tant que colorant, exfoliant, agent de texture…
Si les plastiques utilisés dans les microbilles sont rarement toxiques pour l’homme, ils constituent une source de pollution importante du fait de leur résistance à la corrosion et la biodégradation. Leur adoption dans l’industrie a été très rapide, et à l’instar des nanomatériaux, les conséquences sur l’organisme humain et l’environnement sont encore mal connues. En revanche, il est d’ores et déjà établi qu’elles peuvent entrer dans la chaîne alimentaire marine et le réseau trophique. De plus les microbilles sont souvent relâchées dans la mer, car trop petites pour être filtrées par le système de traitement des eaux, où elles peuvent être le véhicule de nombreux contaminants.
Depuis Janvier 2016, Greenpeace UK a lancé une pétition appelant le Royaume-Uni à suivre l’exemple des États-Unis et à bannir l’usage des microbilles dans les cosmétiques. Elle a déjà reçu plus de 325 000 signatures.
Un sondage récent, également de Greenpeace UK, déclare que presque deux tiers des 1000 personnes sondées dans le Royaume-Uni se montraient favorable à une interdiction des microbilles.
Un collectif de 83 ONG de 35 pays différents s’est d’ailleurs organisé pour libérer l’environnement des microbilles qui le polluent. Ces organismes ont même développé une application permettant de lire le code barre d’un produit cosmétique et déterminer s’il y a des microbilles dans ses ingrédients à l’aide d’un code couleur.
Le 15 avril 2016 marque la date limite fixée par la Chambre des communes quant à l’envoi de preuves écrites concernant l’impact environnemental des microparticules de plastiques, dans le cadre d’un projet d’interdiction des microbilles de plastique sur le sol britannique
L’avis de grands acteurs du secteur des produits cosmétiques comme Unilever, Procter & Gamble et l’Oréal a été entendu, de même que des entreprises de plus petite taille et des membres de la société civile.
Le directeur scientifique d’Unilever, Ian Malcomber, espère au nom de son entreprise que l’interdiction des microbilles dans les produits cosmétiques au Royaume-Uni « ne sera pas nécessaire », et affirme qu’Unilever favorise des « actions du secteur industriel » au travers d’associations commerciales.
« Nous espérons que l’industrie assume ses responsabilité, et j’encourage les membres de Cosmetics Europe, ainsi que les autres associations nationales, à prendre des mesures pour éliminer [les microbilles des produits cosmétiques] le plus tôt possible et de ne pas attendre l’échéance de 2020. » a-t-il déclaré à la Chambre des communes.
Unilever a entamé son projet de suppression des microbilles de ses produits cosmétiques depuis 2012, et l’a achevé fin 2014.
b) Procter & Gamble
Patrick Masscheleyn, un directeur R&D de Procter & Gamble a déclaré que son entreprise ne s’oppose pas à une interdiction des microbilles au Royaume-Uni, puisque les produits cosmétiques de son entreprise n’en contiendront plus d’ici Octobre 2016.
Cependant il précise que « si une interdiction est nécessaire, nous préférerions une interdiction sur le plan international. »
Le directeur de recherche de L’Oréal, Laurent Gilbert a déclaré que son entreprise ne fabriquera plus de produits cosmétiques dont les formules contiennent des microbilles « au plus tard d’ici 2017 ».
L’association nationale britannique CTPA (Cosmetic, Toiletry and Perfumery Association) déclare que les entreprises seront certainement bloquées par leurs concurrentes qui ne seront pas contraintes par l’interdiction d’utiliser les microbilles dans la fabrication des produits cosmétiques ainsi que par les importations depuis l’extérieur de l’Union Européenne, qui n’auront pas à respecter l’interdiction nationale ou n’y auront pas adhéré volontairement.
Il est apparu clairement que les industries cosmétiques, et tout particulièrement les PME, ne disposent pas des mêmes moyens en R&D comparé aux leaders du secteur, et qu’il leur serait difficile de respecter une échéance en cas d’élimination volontaire des microbilles des produits cosmétiques.
M. Masscheleyn déclare que son entreprise dispose des informations nécessaires, et serait favorable à un partage d’informations si nécessaire.
M. Malcomber ajoute qu’un sondage à l’échelle européenne pourrait permettre de déterminer l’évolution de l’industrie cosmétique en ce qui concerne cette élimination. Les résultats du sondage, actuellement en cours, devraient être disponibles dans l’année.
À la place des microbilles, certaines entreprises utilisent de la silice hydratée, des minéraux comme du sel, des poudres, des noyaux de fruits et de fruits secs.
Le Dr. Masscheleyn explique que la silice hydratée a « la même identité chimique que le sable, qui est inerte. Cela a cependant pour conséquence d’ajouter plus de sable dans le système d’épuration des eaux usées. »
Le directeur du comité, Mary Creagh, a émis des inquiétudes quant au remplacement des 680 tonnes de plastique par une substance aux propriétés proches de celles du sable. Elle questionne la capacité des compagnies des eaux à traiter plus de ‘sable’ dans un réseau de canalisations majoritairement victorien comme celui du Royaume-Uni.
Pour le Dr. Masscheleyn il y a une acceptation globale de la silice pour cet usage, bien que son entreprise n’ait pas pris contact avec les compagnies de traitement des eaux.
L’Oréal discute actuellement du problème avec les entreprises françaises pour déterminer les conséquences d’un excès de silice et d’autres ingrédients cosmétiques « naturels « dans les canalisations.
Plus tôt dans l’année, le Danemark a appelé à faire interdire les microbilles dans les produits cosmétiques au niveau européen. Si une telle mesure était adoptée, elle n’affecterait pas le Royaume-Uni car il ne fait plus partie de L’Union Européenne depuis le Brexit.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter notre article sur les conséquences du Brexit sur l'industrie chimique.
N’hésitez pas à nous contacter en envoyant un mail à l’adresse contact@ecomundo.eu si vous avez des questions sur la réglementation cosmétique, ou si vous êtes à la recherche de services spécifiques :
Vous pouvez également nous contacter par téléphone : +33 (0)1 83 64 20 54 pour l’Europe ou + 1 (778) 231-1607 pour l’Amérique du Nord. Les experts EcoMundo sont à votre écoute !
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Les microbilles de plastique, très utilisées dans les produits cosmétiques, représentent un enjeu important sur l’environnement et la santé humaine. Au Royaume Uni, la Chambre des communes a commandé en début d’année une étude sur leur impact environnemental et ouvert une consultation publique. Si les leaders de l’industrie cosmétique sont pour la plupart préparés à une substitution, ce n’est pas le cas des PME, et les alternatives envisagées restent problématiques…
Les microbilles de plastique sont des particules sphériques de plastique composées de polymères synthétiques.
Depuis les années 1990, elles sont de plus présentes dans la composition des produits cosmétiques. Leur taille (généralement 10 à 150 μm) leur permet de nombreux usages : on retrouve des microbilles dans le maquillage, les dentifrices, les vernis à ongle, en tant que colorant, exfoliant, agent de texture…
Si les plastiques utilisés dans les microbilles sont rarement toxiques pour l’homme, ils constituent une source de pollution importante du fait de leur résistance à la corrosion et la biodégradation. Leur adoption dans l’industrie a été très rapide, et à l’instar des nanomatériaux, les conséquences sur l’organisme humain et l’environnement sont encore mal connues. En revanche, il est d’ores et déjà établi qu’elles peuvent entrer dans la chaîne alimentaire marine et le réseau trophique. De plus les microbilles sont souvent relâchées dans la mer, car trop petites pour être filtrées par le système de traitement des eaux, où elles peuvent être le véhicule de nombreux contaminants.
Depuis Janvier 2016, Greenpeace UK a lancé une pétition appelant le Royaume-Uni à suivre l’exemple des États-Unis et à bannir l’usage des microbilles dans les cosmétiques. Elle a déjà reçu plus de 325 000 signatures.
Un sondage récent, également de Greenpeace UK, déclare que presque deux tiers des 1000 personnes sondées dans le Royaume-Uni se montraient favorable à une interdiction des microbilles.
Un collectif de 83 ONG de 35 pays différents s’est d’ailleurs organisé pour libérer l’environnement des microbilles qui le polluent. Ces organismes ont même développé une application permettant de lire le code barre d’un produit cosmétique et déterminer s’il y a des microbilles dans ses ingrédients à l’aide d’un code couleur.
Le 15 avril 2016 marque la date limite fixée par la Chambre des communes quant à l’envoi de preuves écrites concernant l’impact environnemental des microparticules de plastiques, dans le cadre d’un projet d’interdiction des microbilles de plastique sur le sol britannique
L’avis de grands acteurs du secteur des produits cosmétiques comme Unilever, Procter & Gamble et l’Oréal a été entendu, de même que des entreprises de plus petite taille et des membres de la société civile.
Le directeur scientifique d’Unilever, Ian Malcomber, espère au nom de son entreprise que l’interdiction des microbilles dans les produits cosmétiques au Royaume-Uni « ne sera pas nécessaire », et affirme qu’Unilever favorise des « actions du secteur industriel » au travers d’associations commerciales.
« Nous espérons que l’industrie assume ses responsabilité, et j’encourage les membres de Cosmetics Europe, ainsi que les autres associations nationales, à prendre des mesures pour éliminer [les microbilles des produits cosmétiques] le plus tôt possible et de ne pas attendre l’échéance de 2020. » a-t-il déclaré à la Chambre des communes.
Unilever a entamé son projet de suppression des microbilles de ses produits cosmétiques depuis 2012, et l’a achevé fin 2014.
b) Procter & Gamble
Patrick Masscheleyn, un directeur R&D de Procter & Gamble a déclaré que son entreprise ne s’oppose pas à une interdiction des microbilles au Royaume-Uni, puisque les produits cosmétiques de son entreprise n’en contiendront plus d’ici Octobre 2016.
Cependant il précise que « si une interdiction est nécessaire, nous préférerions une interdiction sur le plan international. »
Le directeur de recherche de L’Oréal, Laurent Gilbert a déclaré que son entreprise ne fabriquera plus de produits cosmétiques dont les formules contiennent des microbilles « au plus tard d’ici 2017 ».
L’association nationale britannique CTPA (Cosmetic, Toiletry and Perfumery Association) déclare que les entreprises seront certainement bloquées par leurs concurrentes qui ne seront pas contraintes par l’interdiction d’utiliser les microbilles dans la fabrication des produits cosmétiques ainsi que par les importations depuis l’extérieur de l’Union Européenne, qui n’auront pas à respecter l’interdiction nationale ou n’y auront pas adhéré volontairement.
Il est apparu clairement que les industries cosmétiques, et tout particulièrement les PME, ne disposent pas des mêmes moyens en R&D comparé aux leaders du secteur, et qu’il leur serait difficile de respecter une échéance en cas d’élimination volontaire des microbilles des produits cosmétiques.
M. Masscheleyn déclare que son entreprise dispose des informations nécessaires, et serait favorable à un partage d’informations si nécessaire.
M. Malcomber ajoute qu’un sondage à l’échelle européenne pourrait permettre de déterminer l’évolution de l’industrie cosmétique en ce qui concerne cette élimination. Les résultats du sondage, actuellement en cours, devraient être disponibles dans l’année.
À la place des microbilles, certaines entreprises utilisent de la silice hydratée, des minéraux comme du sel, des poudres, des noyaux de fruits et de fruits secs.
Le Dr. Masscheleyn explique que la silice hydratée a « la même identité chimique que le sable, qui est inerte. Cela a cependant pour conséquence d’ajouter plus de sable dans le système d’épuration des eaux usées. »
Le directeur du comité, Mary Creagh, a émis des inquiétudes quant au remplacement des 680 tonnes de plastique par une substance aux propriétés proches de celles du sable. Elle questionne la capacité des compagnies des eaux à traiter plus de ‘sable’ dans un réseau de canalisations majoritairement victorien comme celui du Royaume-Uni.
Pour le Dr. Masscheleyn il y a une acceptation globale de la silice pour cet usage, bien que son entreprise n’ait pas pris contact avec les compagnies de traitement des eaux.
L’Oréal discute actuellement du problème avec les entreprises françaises pour déterminer les conséquences d’un excès de silice et d’autres ingrédients cosmétiques « naturels « dans les canalisations.
Plus tôt dans l’année, le Danemark a appelé à faire interdire les microbilles dans les produits cosmétiques au niveau européen. Si une telle mesure était adoptée, elle n’affecterait pas le Royaume-Uni car il ne fait plus partie de L’Union Européenne depuis le Brexit.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter notre article sur les conséquences du Brexit sur l'industrie chimique.
N’hésitez pas à nous contacter en envoyant un mail à l’adresse contact@ecomundo.eu si vous avez des questions sur la réglementation cosmétique, ou si vous êtes à la recherche de services spécifiques :
Vous pouvez également nous contacter par téléphone : +33 (0)1 83 64 20 54 pour l’Europe ou + 1 (778) 231-1607 pour l’Amérique du Nord. Les experts EcoMundo sont à votre écoute !
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